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La Chanson de Roland, Version originale et traduction de Joseph Bédier

Publiée d’après le Manuscrit d’Oxford et traduite par Joseph Bédier, de l’Académie française. 
Fac-similé de l’édition de 1928, Édition d’Art, Paris.
Original et traduction en vis-à-vis.

LE comte Roland, à grand effort, à grand ahan, très douloureusement, sonne son olifant. Par sa bouche le sang jaillit clair. Sa tempe se rompt. La voix de son cor se répand au loin. Charles l’entend, au passage des ports. Le duc Naimes écoute, les Francs écoutent. Le roi dit : « C’est le cor de Roland ! Il n’en sonnerait pas s’il ne livrait une bataille. » Ganelon répond : « Il n’y a pas de bataille ! Vous êtes vieux, votre chef est blanc et fleuri ; par de telles paroles vous semblez un enfant. Vous connaissez bien le grand orgueil de Roland : c’est merveille que Dieu si longtemps l’endure.»
Le comte Roland a la bouche sanglante. Sa tempe s’est rompue. Il sonne l’olifant douloureusement, avec angoisse. Charles l’entend, et ses Français l’entendent. Le roi dit : « Ce cor a longue haleine ! » Le duc Naimes répond : « C’est qu’un vaillant y prend peine. Il livre bataille, j’en suis sûr. Celui-là même l’a trahi qui maintenant vous demande de faillir à votre tâche. Armez-vous, criez votre cri d’armes et secourez votre belle mesnie. Vous l’entendez assez : c’est Roland qui désespère. »

Ref. A059. 370 pages. 14x20 cm.

22 €

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